À PARIS, DES EXPULSIONS À RÉPÉTITION

À ce jour, en France, la crise des réfugiés a surtout pris la forme de campements. Notamment, à Paris, dans les quartiers d’Austerlitz et de La Chapelle. «Depuis cet hiver, ils étaient de plus en plus nombreux. Puis on a commencé à voir arriver des enfants, des femmes», raconte Charlotte, une voisine, qui précise : «Ils arrivaient en France dans un état de fatigue extrême.»
Au mois de juin 2015, les autorités délogent les réfugiés de La Chapelle. «Cette action correspondait à une volonté politique de démembrement», affirme un cadre du ministère de l’Intérieur. «Il s’agissait de rendre les réfugiés invisibles et de les empêcher de s’organiser», renchérit Charlotte.

Expulsés à 8 reprises 

Des places sont proposées à 200 demandeurs d’asile. Les autres ont commencé à errer, puis se sont regroupés devant la Halle Pajol, d’où ils sont expulsés par des CRS, armés de bombes lacrymogènes. Certains d’entre eux sont relogés, les autres échouent dans un jardin du quartier où ils sont bientôt plusieurs centaines. À nouveau, expulsion. «Ils ont été délogés à huit reprises. Chaque fois, les services de la ville “nettoyaient” les lieux en jetant tout ce que les voisins avaient apporté, vêtements, duvets, etc. Il fallait tout recommencer», se souvient Charlotte, qui a participé au collectif de soutien aux réfugiés, dont la plupart viennent du Soudan et d’Érythrée. «Je n’ai rencontré aucun Syrien» confirme-t-elle. Bénéficieront-ils eux aussi des procédures accélérées ? Contactés par Réforme, les services de l’Ofpra, se disent «dans l’attente des négociations ministérielles».

Samuel Socquet

Article paru le 24.09.2015 dans l’hebdomadaire Réforme n°3625

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