Moi aussi je démissionne!

Une vague de démissions, le « big quit », déferle outre-Atlantique depuis deux ans. Des millions de salarié.e.s sous pression ou en quête de sens quittent leur job et le phénomène gagne l’Europe. Au nom de valeurs sociales ou écologiques, des jeunes diplômé.e.s disent non aux carrières que leur offrent leurs études supérieures. La place centrale qu’on laissait au travail dans nos vies semble donc remise en cause.

Qu’en est-il en Suisse, où la barre des 100’000 emplois vacants a été franchie au premier semestre 2022? Comment les démissionnaires se préparent-ils à leur vie d’après? Quelle place les réseaux sociaux jouent-ils dans ce phénomène de démission massive? Et d’ailleurs, le travail doit-il se défénir uniquement par le versement d’un salaire?

5 reportages de Samuel Socquet, réalisés par Jean-Daniel Mottet, produits par Laurence Difélix et diffusés sur RTS-La 1ère.


Démission 1/5 Adieu patron!

A la rencontre du couple Joana-Julien qui lancent leur atelier textile, et d’autres salariés qui ont quitté leurs jobs.

Au Coworking Hub de Neuchâtel, Joana se forme avec son compagnon Julien pour lancer son propre projet de confection durable, après avoir démissionné du monde horloger. Morli Mathys, co-fondatrice du Hub, anime une séance autour de l’équilibre vie privée – vie professionnelle avec des personnes en transition professionnelle. Elle alerte sur la nécessité de bien préparer sa démission.

Mise à jour: le projet lancé par Joana et Julien est lauréat du prix Activation. Il est devenu La Rebletzerie qui a pour devise « rien ne se perd, tout se rebletze », un terme du patois local qui signifie réparer un trou avec une pièce rapportée, un « bletz ». Leur atelier de Saint-Blaise (NE) confectionne notamment des sacoches pour vélo en chute de tissus, mais répare aussi doudounes et tentes trouées. L’Evénement en a parlé.


Démission 2/5 Génération Z

Déambulations dans le campus de Lausanne avec Alice Bottarelli, qui échange avec Dimitri sur leurs démissions de lʹUniversité.

En Suisse, 1,4 million de personnes sont nées après 1995. Cʹest dans cette génération que lʹon trouve une grande partie de celles et ceux qui quittent leur emploi, souvent sans plan B. Après avoir renoncé à son poste d’assistant à l’UNIL, Dimitri échange sur les manques de sens et de perspectives avec Alice Bottarelli qui renonce elle-aussi à son poste à lʹUniversité. De son côté, Charlotte a démissioné dʹun « dream job » car elle se sentait en décalage avec les valeurs de la multinationale où elle travaillait.


Démission 3/5 Dites stop sur Tik Tok

Avec Victor Cannilla, qui a renoncé à un job à 15’000 francs par mois.

Depuis lʹannée dernière, aux États-Unis, des millions de salarié.es quittent leur job chaque mois. Certain.es se filment pour diffuser leur démission sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok. Le Lausannois, Victor Cannilla, ancien consultant d’un prestigieux cabinet de conseil, a raconté sa démission sur YouTube (où il a aussi créé la chaîne Kraken Debrief). A Genève, Charlotte explique comment les réseaux sociaux ont influencé sa décision de quitter son poste bien payé.


Démission 4/5 La grande vacance

Selon Manpower, le salarié tient désormais le couteau par le manche.

En Suisse, la pénurie de main-d’œuvre aurait augmenté de 27 % au 2e semestre 2021. Hôtellerie, construction, vente et soins sont les secteurs les plus touchés selon le directeur de Manpower pour la Suisse romande. Ce manque de personnel permet-il de changer le rapport de force entre direction et salarié.es ? Alors que le service de néonatologie du CHUV attire encore les vocations, les EMS ne parviennent plus à trouver du personnel qualifié, souvent épuisé.


Démission 5/5 L’argent ne fait pas le bonheur

Dans les champs à Gimel (VD), lors d’une journée collective de récolte au Petit Bochet.

À Gimel, un collectif vit dans la ferme du Petit Bochet. Ses 9 membres consacrent une partie de leur temps de travail à la communauté et mettent en commun leurs salaires. On y croise notamment Marie-Fleur Baeriswyl et Simon Noble. Dans une coloc de Prilly, plusieurs habitant.es ont démissionné de leur emploi dans lʹidée de travailler moins (dehors) pour vivre mieux et consacrer plus de temps à la vie collective. Parmi eux, Alice Bottarelli déjà rencontrée à l’Unil dans l’épisode 2, ainsi que Maxime Sacchetto, jeune homme aux mille projets qui rêve de ne rien faire.


Les Echos de Vacarme

Retour sur la série de reportage et réactions des auditeurs et auditrices.

Marie Santiago Delefosse, professeure émérite à lʹinstitut de psychologie de lʹUniversité de Lausanne et David Giauque, professeur de gestion des ressources humaines et de management public au sein de lʹInstitut de Hautes Etudes en Administration Publique à lʹUniversité de Lausanne, reviennent sur le « big quit » et les 5 épisodes de cette série Vacarme.

Ces 5 reportages de Samuel Socquet « Moi aussi je démissionne » ont été réalisés par Jean-Daniel Mottet et produits par Laurence Difélix. Ils ont été diffusés sur la radio de service public RTS-La 1ère du 7 au 11 novembre 2022, Les Echos de Vacarme ont été diffusés le 13 novembre 2022.


Photo d’illustration: Une pensionnaire et un enfant dans la cour de l’Ehpad Louise-Thérése d’Ecullly (Rhône) en France. Ces établissements, comme les EMS, voient leurs forces vives partir et peinent à recruter (cf. épisode 4). © Samuel Socquet, 2015.

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